Matt Mullenweg, le créateur de WordPress, critique WP Engine, l’hébergeur, pour son utilisation du CMS open source sans contributions proportionnées, engendrant des tensions dans la communauté.
Au cœur de la controverse sur le siège de WP Engine à Austin, Texas : une bataille impliquant WordPress.
WordPress, qui est la backbone de près de 40 % des sites web mondiaux, est actuellement pris dans une querelle entre son fondateur, Matt Mullenweg, et WP Engine, un des leaders dans l’hébergement optimisé pour WordPress. Cette situation crée des divisions autour de questions relatives à la contribution, la gouvernance et l’usage des marques. BDM a recueilli les avis de Jean-Baptiste Audras, Core Committer pour mieux cerner le problème.
Contribution et responsabilité en question
Tout a commencé avec un article critique de Matt Mullenweg publié en septembre 2024, où il compare WP Engine à un « cancer » pour WordPress, en dénonçant leur manque de contribution malgré d’énormes profits. Il critique WP Engine pour capitaliser sur la popularité de WordPress sans apporter de retour significatif. « En tant que membre de l’écosystème WordPress, il est attendu que ceux qui en tirent profit contribuent en retour », explique Jean-Baptiste Audras.
Malgré leur statut de société indépendante avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 500 millions de dollars, WP Engine se verrait imputer une contribution très limitée, ce que Mullenweg trouve dérisoire. « Mon agence, bien plus petite, contribue davantage », souligne Audras. Cette affaire soulève la question éthique pour les entreprises exploitant des projets open source.
Marques, images et confusion : l’enjeu du terme « WP »
En plus des contributions, l’utilisation du nom « WP » exacerbe les tensions, car Matt Mullenweg estime qu’elle peut induire en erreur et laisser penser à une affiliation officielle. La WordPress Foundation a depuis clarifié sa politique concernant la marque.
Bien que « WP » ne soit pas une marque déposée de WordPress, la fondation a précisé qu’il ne doit pas être utilisé pour tromper les utilisateurs. Mullenweg accuse WP Engine de brouiller les pistes avec ce nom, tout en contribuant peu. Cette critique a incité WP Engine à adresser une lettre de mise en demeure à Automattic, déclarant que leur usage de « WP » est légitime selon les lois de la propriété intellectuelle.
Conséquences pour les utilisateurs et la communauté
La situation s’est envenimée lorsque Mullenweg a décidé de restreindre WP Engine de WordPress.org, limitant l’accès de ses clients aux mises à jour automatiques. Jean-Baptiste Audras alerte sur les risques de sécurité en l’absence de ces mises à jour.
WP Engine a riposté en créant une alternative aux ressources WordPress.org pour protéger ses clients. Cela révèle l’ampleur de leur dépendance à l’environnement centralisé de WordPress. Audras note que ce contrôle exercé par Automattic et la WordPress Foundation sur les entreprises se fait sentir.
Les fractures au sein de la communauté ?
Ce incident met en exergue des tensions quant à la gestion de tels conflits. « Le raisonnement derrière l’action est valable, mais la méthode employée est discutée », concède Audras. La communauté est divisée sur l’approche adoptée, certains craignent des précédents qui pourraient sanctionner les petites entreprises.
La levée temporaire des restrictions envers WP Engine pose la question de l’équilibre entre l’ouverture et les contributions requises des entreprises. Elle remet aussi en cause la gouvernance de l’open source, incitant à des solutions qui maintiennent l’essence de WordPress tout en s’adaptant aux exigences professionnelles actuelles.